Un matin, pas comme les autres à Bali
Les balinais aiment avoir des véhicules bien propres et l’on trouve facilement des échoppes de rue qui proposent ce service (“cuci motor”), mais ce matin-là, j’ai vu tous nos voisins récurer, eux-mêmes, leurs scooters, voitures, vélos….
Intrigué, je demande à mon ami Tako pourquoi, subitement, tout le quartier s’affaire ainsi.
Tumpek Landep! Verrry important ceremooony for iron in Bali.
J’acquiesce sans trop comprendre et me met à briquer notre scooter comme si on allait le vendre sur Ebay.
Une fois le travail accompli, j’interroge encore Tako et vais “googler” pour en savoir un peu plus.
Ami lecteur, épargne-toi, cette épreuve, je te livre ici le résultat de mon investigation !
Tradition ancestrale balinaise
Les Tumpek sont des jours de bon augure du calendrier balinais pour honorer les figures animistes.
À “Tumpek Landep”, on rend hommage à Hyang Pasupati, seigneur des objets en métal et on le remercie de pouvoir utiliser de telles choses. Traditionnellement, il s’agissait de faire bénir les épées (kryss) qui servaient à défendre sa famille en cas de conflit avec un royaume voisin.
Aujourd’hui, par extension, tout objet ayant du métal :
- voitures,
- motos,
- portails,
- ciseaux,
- et même téléphones et ordinateurs !
Déroulement
Mais, revenons à nos boulons !
Tous les véhicules de la famille, comme neufs, sont alignés sous le grand préau et ornés.
Made (2 ans), apporte, lui-même, son vélo avec stabilisateurs.
Puis, l’aïeule de la famille commence le rituel.
Elle prépare pour chaque objet un panier tressé en feuille de bananier avec 5 fleurs de couleur différentes,
puis vient les déposer, avec des bâtons d’encens, sur chacun des véhicules.
Elle n’oublie pas les rétroviseurs des scooters qui sont eux aussi décorés avec de petits fétiches mutins.
Ensuite, elle recouvre chacune des selles avec deux splendides sarongs savamment pliés.
Puis, Tako dépose sur la grande natte les kriss traditionnels dont il a hérité de ses ancêtres et y ajoute ses harpons de pêche, quelques couteaux de cuisine.
Il m’autorise à apporter nos couteaux de plongée et nos détendeurs.
Sa mère recommence la même opération que pour les motos.
Puis, elle utilise une fleur de frangipanier qu’elle trempe dans de l’eau bénite (il s’agit en fait d’arrack, l’alcool local!) pour asperger les offrandes et tous ces objets.
Bien que nous fassions réviser régulièrement le matériel de plongée,
nous voilà donc protégés sur les routes, comme sous l’eau, pour les six prochains mois…
Safety first @BALIBERTY !!!