À l’Est, rien de nouveau ?…
Si. Depuis quelques semaines, le vent d’Est souffle à nouveau sur les côtes de Bali : Sanur est donc particulièrement bien exposée. L’excitation gagne les petits comme les grands et sonne le début de la saison des cerfs-volants.
Véritable passion collective, cet art se transmet de générations en générations et la tradition est perpétuée car chaque enfant balinais sait fabriquer un “layang-layang” de ses propres mains avec :
- quelques baguettes de bambou
- du tissu ou du film plastique
- un peu de colle
- et du fil
Si tout le monde a en tête le grand concours qui aura lieu du 13 au 15 juillet 2012 à Padang Galak (Nord de Sanur), il s’agit pour l’instant de montrer qu’on n’a pas perdu la main et que la concurrence va être rude. D’aucun vous diront que leurs cerfs-volants sont un moyen de communiquer avec les Dieux pour attirer de bonnes récoltes; ou d’autre simplement de distraire ces derniers. Pour la plupart des balinais, il s’agit surtout d’un devoir communautaire (chaque Banjar de Bali participe au grand concours annuel). Et surtout, la magie, le plaisir et la fierté de lancer vers les Dieux et les cieux leurs créations.
Une affaire de famille aussi
Nous suivrons la famille Tako dans cette aventure. Nyoman, le chef de clan veut inaugurer la saison avec une structure démontable de plus de 4 mètres sur 2 mètres,
ornée d’une tête de dragon suivie par une traîne de 90 mètres. Depuis :
- le choix et la taille des bambous
- l’assemblage du cadre
- l’aide d’un perruquier venu orner la tête du “serp-volant”
- la mise en place de la toile
- puis le pliage pour le transport
Toutes ces opérations prirent à la famille Tako une dizaine de jours. Nyoman m’a confié qu’il avait conçu tellement de cerfs-volants qu’il en a oublié le nombre. Mais pas les gestes qui sont donc sûrs, précis et rapides. Un savoir-faire qu’il tient de son grand-père et qui fait de lui le “maître ès-layang-layang” incontesté de son clan.
Le jour J
Si la construction est une affaire d’hommes, le jour de l’envol requiert la participation de l’ensemble de la famille, sans cérémonial pour autant.
C’est donc en scooter que la troupe se met en marche. Direction la plage de Mertasari et son vaste terre-plein bien exposé aux vents.
L’assemblage, à l’ombre des frangipaniers, ne prend que quelques dizaines de minutes. Chacun sait ce qu’il doit faire :
Nyoman ne dit pas un mot et voit son oeuvre re-prendre forme.
La structure est ensuite portée par la famille jusqu’à la zone de décollage, on procède aux derniers réglages et à l’amarrage du câble.
La queue de 90 mètres, encore bien pliée sous la voile est soigneusement attachée.
Le vent, flatté par tant de grâce, fait onduler la traîne comme une onde sur l’océan.
À peine levé, la prise au vent est immédiate. Les enfants comptent « satu, dua, tiga (1, 2, 3) !» et accompagnent le décollage de cris de joie.
Les hommes retiennent de toute leur force l’engin afin de dérouler les 80 mètres de bobine. Arrimé à un arbre, leur cerf-volant étend maintenant sa traîne à travers le ciel de Sanur, à côté d’autres super-structures volantes.
Et Nyoman de fanfaronner : “Nous, on ne l’a fabriqué qu’en famille et il a décollé au premier essai !!” Serait-ce un bon présage pour le concours du mois de juillet ?…
Fin de la 1ère partie.
À suivre …